Eté 2020, pont du 14 juillet, une envie de partir au soleil et d’aller découvrir Avignon autrement, sans festival, sans trop de touristes, sans affiches plein les rues qui tapissent de couleur les murs, les barrières et les portes de la ville.
Avant de partir toujours le même rituel : rechercher ce que je vais pouvoir faire sur place, visites de la ville à pied, musées, expositions, séances de cinéma, restaurants, activités sportives diverses… Au fil de mes recherches je tombe sur un drôle d’endroit, un ancien grenier à sel réhabilité en lieu culturel dédié à l’art et à l’innovation, son nom : Ardenome*, qui propose au mois de juillet un Mutalab consacré au monde minéral, vivant et artificiel.
La thématique m’a interpellée donc je suis allée rechercher qu’est-ce qui se cachait derrière ce mot Mutalab.
Un Mutalab c’est en fait une rencontre qui nous propose d’ouvrir de nouveaux territoires d’échanges en compagnie d’artistes, de chercheurs et de philosophes. A la Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne on appelle cela une rencontre de l’oralité. Chouette alors un truc que je connais !
Le programme est alléchant : « À l’heure où de nouveaux défis se superposent aux anciens, où les technologies façonnent notre environnement comme notre imaginaire, où les algorithmes nous gouvernent mais ouvrent également de nouveaux champs d’expression, MUTALAB invite au Grenier à sel, à ouvrir de nouveaux territoires d’échanges en compagnie d’artistes, de chercheurs et de philosophes. »
Et au milieu de tout cela apparaît une exposition : Technopolice !
Je savais que pour 2021 nous allions travailler sur la thématique Déprisonner donc pourquoi pas regarder d’un peu plus près cette exposition, si ça se trouve elle pourrait nous donner des idées et puis il faut avouer que leur visuel est sympa.
Arrivée dans les locaux, j’ai été assez surprise. Je ne m’attendais à rien mais je ne m’attendais pas à ça.
Je ne m’attendais pas à découvrir les dérives de la vidéos surveillance dans des établissements scolaires de Marseille, je ne m’attendais pas à découvrir l’existence de la Quadrature du net qui se bat pour protéger les libertés des individus dans ce monde numérique et puis je ne m’attendais pas à tomber nez à nez avec un système de reconnaissance faciale qui me désigne comme étant un mauvais citoyen, un citoyen à surveiller.
Comme d’habitude j’ai pris le temps de tout regarder de la première à la dernière image, de tout lire du premier et au dernier mot et puis, le temps que j’assimile toutes les informations qui m’étaient données, j’ai loupé la personne de la Quadrature du Net qui était là pour parler de l’exposition.
Alors ça, ce n’était vraiment pas de bol !
Je me retrouvais avec plein de questions et pas la possibilité de les poser. J’ai donc pris un flyer pour garder le plus d’informations possibles sur cette exposition et (évidemment) des autocollants.
Après avoir vu cette exposition, quelque chose a résonné chez moi. Quoi exactement je n’arrive pas vraiment à le dire mais il fallait absolument que j’écrive aux collègues pour leur parler de cette expo.
Si je devais essayer d’expliquer ce qui s’est passé dans ma tête à ce moment-là, je dirais que je me suis fait la remarque que leur démarche collait pas mal avec notre thématique, qu’on pouvait faire un parallèle avec des questionnements tels que : Où s’arrête la liberté individuelle ? ou encore La vidéosurveillance fait-elle partie intégrante d’un processus d’enfermement ? etc…
La difficulté était de trouver une correspondance entre ce qui pouvait se passer dans un établissement scolaire dans le Sud de la France et ce qu’on pouvait vivre, ici, en milieu rural.
Mais en y réfléchissant bien, nous aussi nous sommes en contact quotidiennement avec une forme de surveillance numérique, que cela soit par le biais de nos smartphones qui, comme par hasard, nous proposent des publicités en rapport avec les discussions qu’on vient d’avoir ou par le biais de nos ordinateurs qui tracent nos activités avec les fameux « cookies » ou encore avec les fameuses caméras de surveillance installées dans les centres-villes, comme à Autun, afin de mieux nous « protéger ».
Cette analyse de notre quotidien m’a menée à d’autres réflexions :
Est-ce qu’au final tout cela n’est pas une manière de surveiller la société, de nous surveiller ?
Est-ce qu’il ne serait pas temps de mieux connaître ces dispositifs pour mieux s’en préserver ?
Est-ce qu’il ne serait pas intéressant de faire une place à ces questionnements dans un observatoire populaire qui étudie ce que ça fait d’être enfermé…surveillé…observé ?
Bon, ça serait quand même bien de faire venir cette exposition à Anost, pour parler de tout cela.
Alors on l’a fait !
Retrouvez l’exposition Technopolice à la Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne à partir du 5 juin.
Pour en savoir plus sur l’exposition c’est ici.
Morgane Bouchard, mai 2021.