« Filmer c’est percevoir des lieux, des paysages, des territoires, via l’épaisseur de leur histoire » – Claire Angelini

Un moyen d’accéder aux différentes épaisseurs de l’histoire est d’aller déterrer les éléments qui restent enfouis dans les différentes couches de terre qui composent les paysages. Alors, l’archéologie utilise des outils : pelleteuses, pioches et pelles pour découvrir couche après couche, strate stratigraphique après strate stratigraphique les objets du passé qui nous permettent d’en savoir plus sur la vie de ceux qui étaient là avant nous.

À la manière de l’archéologie, Claire Angelini va sur le terrain pour faire ressurgir les histoires qui restent sagement endormies au creux des mémoires. Elle prend le temps de retracer, rencontre après rencontre, discussion après discussion les présences de ceux dont les activités ont habité les lieux et façonné le paysage.

La caméra se fait alors outil pour révéler et donner à voir une autre histoire du territoire, celle de ceux qui l’habitent et le font vivre au quotidien.

Au cours des siècles, les routes se sont construites, elles se sont croisées, les personnes se sont déplacées et se sont rencontrées. Raconter ces échanges c’est explorer une autre façon de percevoir ceux qu’on appelle « étrangers ».

Dans son film Au temps des autres, Claire Angelini retrace les présences et disparitions de ces étrangers – Espagnols, Harkis, Polonais – qui sont venus travailler dans les usines d’Autun (71) et de La Machine (58).

En octobre, le projet Déprisonner questionne les figures multiples de l’étranger et fait une place dans sa programmation à ce film qui permet, par le langage du cinéma, de faire s’exprimer une autre approche du territoire, celle de l’altérité.

Morgane Bouchard, octobre 2021