Les grèves et les soulèvements des ouvriers, ouvrières, mineurs, mais aussi de petits journaliers entre 1870 et 1900 dans la juridiction d’Autun, nous amènent à prendre en compte ce que Nadia Menenger appelle « la mémoire des luttes ».
Documenter l’histoire et l’actualité telle qu’elle est perçue depuis l’intérieur des lieux de relégation, écouter « cette parole brute », nous fait accéder à une acuité de regard sur la société.

Dans un précédent article, On vous raconte l’histoire de la prison d’Autun, la spécificité de l’encellulement prévue par la construction de la prison panoptique d’Autun est décrite: on pensait alors que la rédemption viendrait de la solitude. Très vite après l’ouverture de cette prison, l’administration change de perspective, l’isolement des prisonniers crée des désordres tels que la prison devient ingérable. Alors que nous ne pouvons accéder qu’aux échos des paroles de prisonniers de l’époque, les luttes toujours à l’œuvre dans les lieux d’enfermement nous aident à garder une humilité intellectuelle face à la souffrance et à l’expérience d’un isolement que nous ne sommes pas en mesure de comprendre. C’est ce que nous décrit Nadia.

Retrouvez ci-dessous, la conférence de Nadia Menenger au Square Bulliot d’Autun le 29 mai 2021, en vidéo ou en audio suivant votre préférence.

Nadia Ménenger, est militante et lutte contre la condition carcérale depuis de nombreuses années en même temps qu’elle anime quotidiennement sur la radio libre Fréquence Paris Plurielle une émission qui documente l’actualité des luttes sociales au plus près de celles et ceux qui la font vivre. Investie depuis les années 1980 dans les luttes pour l’abolition de l’isolement carcéral, Nadia participe au lancement de Parloir Libre, une émission de radio hebdomadaire qui donne la voix aux prisonnières et prisonniers et relaie leurs combats et revendications à l’extérieur des prisons. En 2000, Nadia participe à la création et pendant plusieurs années aux activités du collectif L’Envolée qui anime une émission de radio et publie régulièrement un journal pour se faire le relai de la parole, du vécu, et des luttes carcérales. En 2015, Nadia publie un recueil de lettres et de témoignages qui racontent la vie Thierry Chatbi, qui participa activement aux mouvements de prisonniers des années 1980. Une vie qui raconte toute la violence et les conséquences désastreuses que peuvent faire peser vingt-cinq ans d’incarcération, dont 13 ans en quartier d’isolement.